mardi 25 décembre 2007

De Lotus de Païni, l'extraordinaire exploratrice des Grands Lointains...

Il faut le redire à satiété : la créature primitive SENT UNIQUEMENT. Son Sentir, libre des nerfs, est vierge, indicible. Cette créature est enveloppée de la fascination de son âme sauvage, indisciplinée ; elle vit dans une qualité de vie inconcevable pour nous. Dans ces lointains, les puissantes forces élémentaires, dans l'enfantement d'un monde, régissent encore l'existence. Une psychée intense enveloppe toutes choses dans l'univers, c'est le seul INTELLIGIBLE, qui, pendant des temps infinis, domine l'existence. Cet Intelligible est obscur, profond comme l'âme.
La créature primitive, enfouie dans sa masse impalpable d'antennes supersensitives qui la font semblable à une énorme méduse occulte à la chevelure magnétique, baigne dans cette atmosphère surchargée de Sève : elle comprend cet INTELLIGIBLE.
C'est là où s'élabore le rite magique qui est une étonnante science de ces temps.
Les vieilles races sentirent toutes les forces affluer en elles. Elle se sentirent pénétrées, traversées, pétries par les torrents puissants de l'existence qui déferlent dans l'univers, formant un formidable et inextricable réseau de forces où toute chose éclot, veut être, regarde, souffre et meurt... Tout le travail silencieux de l'univers, l'enfantement de l'infiniment grand et de l'infiniment petit, ces races le sentirent profondément en elles et autour d'elles, comme une métamorphose infinie dans l'éternité.
Partout, pour elles, dans la vie universelle, surgissait le mot magique : SENTIR ! De toute la foule des êtres, plantes, bêtes, ciel et terre montait la grande sonorité mystérieuse : SENTIR ! Rien ne limitait cette résonnance, rien ne l'assourdissait, elle chantait haut dans les Espaces !
Seul un SENTIR absolu, libre, illimité comme le leur, pouvait enfanter la splendide conception païenne de l'univers, cette formidable vision "panthée" qui bâtit hommes et monde ! - Pour ces races le mystère de la vie était partout profondément ! in Les Trois Totémisations, Paris, 1924.

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